Mon grand-père avait un très beau potager toujours rempli de légumes. Ce jardin produisait en toutes saisons. Des jeunes plants étaient repiqués dès qu’il y avait un endroit favorable inoccupé. Bien entendu, mon grand père produisait lui-même ses jeunes plants, même pendant les périodes froides, sans se soucier de la température extérieure, car il connaissait des techniques pour faire grandir ses plants dans un environnement plus clément.
C’est 5 techniques vont dans le même sens (apporter de la chaleur aux plants), mais chacune à des degrés différents.
Voici les 5 techniques pour cultures précoces.
Je vous les donne dans un ordre croissant de gain de chaleur.
La 1ère technique consiste à construire des ados. Un ados est une planche de culture dont la surface est inclinée vers le sud (soleil) et dont le côté nord est protégé par une planche de 40 cm de haut. Suivant la qualité de votre terre, vous pouvez donner de 25 à 30 cm de pente par mètre. Terreautez également la surface, non seulement pour enrichir le sol en humus, mais pour permettre à la terre, grâce à sa couleur plus foncée, d’absorber plus de chaleur en journée. Cette technique peut avancer vos cultures de 15 jours.
La 2ème technique, c’est la côtière. Ça ressemble à l’ados mais avec une protection meilleure et une protection supplémentaire la nuit. En gros, c’est un ados mais contre un vrai mur en dur et de hauteur d’homme. Le mur protège beaucoup mieux du vent froid mais surtout il accumule la chaleur la journée pour la restituer durant la nuit. Pour la façon de faire du terrain, c’est identique à l’ados. Mon grand-père avait fait une côtière contre un très gros réservoir d’eau que son éolienne remplissait. La masse très importante de celui-ci avait une inertie de chaleur très importante et les plants poussaient à merveille dans la côtière.
la 3ème technique est applicable aux plants individuels. Mon grand-père faisait cela avec des tuiles, mais c’est bien plus efficace avec des plaques d’ardoises (ou alors il vous faudra peindre vos tuiles en noir). Vous pouvez également le faire avec des plaques de métal. La technique consiste à enterrer sur la moitié de sa hauteur une plaque d’ardoise d’environ 40 à 60 cm de long, juste à côté du plant de légumes que vous voulez aider. Cette ardoise doit être bien sûr plantée du côté nord de la plante. Elle va servir à 2 choses : premièrement protéger la plante du vent froid et ensuite emmagasiner de la chaleur dans le sol. C’est un peu une côtière en miniature ou une côtière individuelle. Mon grand-père utilisait cette technique pour les tomates, aubergines et concombres et c’était une réussite, il avait toujours des tomates avant les voisins.
La 4ème technique est une chose qui revient un peu au goût du jour, ce sont les cloches. Mon grand-père avait des cloches magnifiques en verre, avec les boutons en haut. Elles étaient très fragiles et je n’avais pas le droit d’y toucher. Les cloches existent toujours de nos jours, mais elles coûtent un peu cher. On en trouve maintenant des plus pratiques et moins fragiles, mais elles sont en plastique. Plus pratiques car elles s’empilent facilement et ont un système de ventilation sur le sommet, et moins fragiles car le plastique craint beaucoup moins les chocs. Vous pourrez en trouver de plusieurs tailles différentes, mais je vous conseille les grosses car elles apportent beaucoup plus de chaleur au sol. Vous pouvez utiliser les cloches pour démarrer vos semis, fortifier vos jeunes plants ou privilégier une salade, un pied de melons ou concombres. On trouve aussi maintenant des ustensiles un peu similaires mais en forme de tunnel de culture, très pratiques également et avec les mêmes avantages.
Et pour finir voici la 5ième technique, le 5ième secret de mon grand-père, le plus efficace pour préparer vos semis ou jeunes plants ou même avoir certains légumes en plein hiver, ce sont les couches chaudes.
Cette technique fabuleuse est un peu plus longue à mettre en place, un peu plus difficile à maîtriser mais elle fait des merveilles. Le principe de la couche chaude est de cultiver des plantes sur une couche de matériaux dégageant, par fermentation, une chaleur artificielle d’une durée suffisante pour permettre, d’une part de mener des cultures à un moment où la température extérieure ni est pas favorable, d’autre part d’en activer la végétation.
La matière première pour produire de la chaleur peut être du fumier (comme utilisé autrefois) mais également du broyât de déchets verts, de la coupe d’herbe, des feuilles, de la paille. En fait, toutes les matières végétales peuvent être utilisées mais elles ne fournissent pas toute la même qualité de chaleur. Les matières molles (feuillage vert, gazon et herbe) riches en azote montent très vite en température mais la chaleur ne dure pas très longtemps, alors que les matières riches en carbone ( bois vert, broyât de branches, paille, feuilles sèches) sont un peu plus lentes à monter en température mais la chaleur dure beaucoup plus longtemps.
Pour monter une couche chaude ( à longue inertie= couche sourde), il vous faut de la matière végétale fraîche broyée ou du fumier et un châssis pour couvrir. Commencez par faire une fosse de la dimension de votre châssis (ou même un peu plus large ça sera mieux) et d’une profondeur de 40 à 60 cm. Remplissez celle ci avec votre broyât ou du fumier (ou le mélange des deux) en tassant bien avec vos pieds. Votre mélange doit être assez humide pour que la fermentation puisse démarrer, s’il ne l’est pas, arrosez-le. Une fois votre fosse remplie jusqu’au niveau du sol, posez-y dessus votre châssis et remplissez-le d’une couche de terreau de 10 à 20 cm suivant les légumes que vous voulez y faire.
La fermentation doit démarrer au bout de 2 à 3 jours et la chaleur va monter jusqu’à un niveau assez élevé. Vous devez mettre un thermomètre de couche dans votre terreau pour surveiller et ne planter ou semer que lorsque la température sera descendue en dessous de 35°C, sinon vous risquez de brûler vos plants.
Cette technique de culture sur couche est très intéressante car elle vous permet d’avoir des légumes très précoces ou de faire des semis bien au chaud sans aucune dépense d’énergie et avec des matériaux naturels.
Cette technique se décline en plusieurs autres (couche tiède, couche sourde, couche en poquet, et les réchauds) qui ont toutes une même base technique de chauffe mais avec quelques variantes de conceptions. Je vous explique tous cela dans un autre article ici.
Cet article participe à l’événement inter-blogs « Les 5 choses que j’aurais aimé que l’on me dise avant de commencer mon potager » organisé par le blog PotagerDurable.
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Je suis adepte des cloches! J’ajouterai que mon sous climat alpin, j’ai enserré le jardin d’herbes dans un mur de granit régional et que mes thyms et autres méditerranéennes s’y trouvent parfaitement au chaud. J’en profite aussi pour y mettre mes premiers semis.
Les jardins du Château de Pontgibaud (Chaîne du Puy) sont décaissés à différentes profondeurs et entourés de murs qui tiennent les plate-bandes au chaud.
Toutes ces techniques rejoignent le truc de l’ardoise protectrice.
J’ai bien aimé cet article – Merci!
Bonjour,
oui effectivement c’est tout dans le même ordre d’idée. On s’approche un peu de la permaculture.
Vous avez un joli blog très sympa à parcourir.
Belle découverte ce matin sur ma boite mail.
Les livres sont une belle source d’information et de formation, mais rien ne vaut l’expérience et le savoir de nos anciens.MERCI mille fois, de nous faire profiter de cela.
Oui nos anciens connaissaient beaucoup de choses très bien pour le jardin, mais ils avaient également des pratiques peu recommandable (genre traitement à l’arsenic dans les vignes) donc sachons faire le trie.
Dés que je vous ai lu, je vous laisse un commentaire, Merci.
Salut Christian,
Super article avec pleins de choses que je connaissais pas et que je découvre. Merci !
A bientôt,
Julia
Merci pour tous ces conseils. J’ai une petite astuce pour faire des cloches pas chères. Des bouteilles d’eau de 5 litres. Je coupe le fond et retire le bouchon (la première fois j’ai laissé le bouchon, mes salades ont brulé). Mes premiers plants de courgettes sont en place depuis mi-mars et ils se portent à merveille (certes c’est à Nîmes).
Bonjour Philippe,
et merci pour le conseil. Je fais exactement la même chose et en plus je plante un tuteur par le goulot pour éviter que les bouteilles s’envolent avec le Mistral.
Bonjour Christian,
je lis les 5 secrets de votre grand père et on en parle
à bientôt
Sympathique vos petits conseils et ils sont bien illustré pour être compréhensibles !
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Bonjour CHRISTIAN
Je te félicite pour ton blog qui est très riche en conseils .je voudrai savoir pourquoi je ne peux pas recolter les salades que je plante. Je fais les semences moi même mais je ne peux en profiter car elles montent toutes sans exception . Je jardine avec la lune mais je n’ai pas l’effet désiré. Pourquoi ??? guy
Est ce que par hasard vous ne sèmeriez pas les graines de la dernière récolte ? Les graines fraiche de salade ont souvent tendance à monter. Il vaut bien mieux semer des graines de 2 ou 3 ans.
Bonjour, j ai planté mes aubergines bien exposées au soleil, un sol bien meuble, apport de fumier tous les ans sauf que cette année il a été composté ( beau terreau noir) .mon jardin est planté qu’en été .je voudrais savoir svp pourquoi mes plants sont mous ? Je suis obligée de mettre quelque chose devant pour faire de l ombre. C’est la 1ère année que ça me fait ça. Merci de me renseigner. Le reste va bien .tomates courgette ect .précision je suis en Corse du sud .merci
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Extraordinaire découverte que votre blog. Il va me devenir indispensable.Merci mille fois! Anne