En une centaine d’années, la société française s’est profondément modifiée : le nombre d’exploitations agricoles s’est réduit de façon vertigineuse, la part des agriculteurs dans la population active est aujourd’hui très faible. Jusque dans les années 1930, la majorité de la population française était rurale et agricole. Les fermes étaient petites, peu mécanisées, les agriculteurs utilisaient la traction animale. Les animaux apportaient leur force et aussi la fumure. La culture des potagers était généralisée au-delà de la population agricole. Il était normal et banal de cultiver ses légumes, faire ses semences, fabriquer ses outils… Même en ville, après 1945, l’exode rural et le développement de la population ouvrière, les « jardins ouvriers » permettaient aux ouvriers de nourrir leurs familles en légumes frais… Les Français étaient encore proches de leurs racines paysannes et n’avaient pas encore oublié le rythme des saisons, les gestes… Puis est venu « le progrès », l’agro-industrie, avec ses machines, ses produits phytosanitaires, ses semences, ses cultures intensives…
En quelques générations, nous avons tout oublié ! Qu’à cela ne tienne, il nous reste à tout redécouvrir et c’est bien plus simple qu’il n’y paraît…
Dans le passé, les techniques de jardinage se transmettaient de génération en génération. Le jardin était quelque chose de vital, de nourricier. Nous faisions avec les moyens du bord, avec ce que nous donnait mère nature. Nous savions observer notre environnement, la nature, et adopter certains de ses concepts à notre jardin. De nos jours, la plupart d’entre nous avons quasiment perdu ces connaissances, l’art de faire simple et efficace comme ça se passe dans l’écosystème naturel, avec des choses que la nature met à notre disposition. À la place de ça, on achète toujours plus de matériel -souvent en plastique non durable – de nouvelles variétés de graines, de plantes – souvent hybrides ou OGM – pensant que ça poussera mieux, des plantes venues de l’autre bout du monde pour avoir un jardin plus extraordinaire que le voisin.
Arrêtons cette course au gaspillage et revenons à des choses simples, basiques. Nos anciens avaient adopté des techniques de jardinage plus près de la nature, plus écologique. Revenons-y ! Vous avez tout à y gagner.
Par exemple, dans votre jardin d’agrément, pour éviter la corvée du désherbage ou d’acheter des désherbants, vous pouvez couvrir votre sol avec un bon paillage qui empêchera l’herbe de lever. Ne courez pas pour l’acheter en jardinerie, mais faites-le par vous même, en broyant vos propres déchets verts.
Pour vos cours et allées, le vinaigre pulvérisé pur est un très bon désherbant à prix très modique.
Pour vos haies ou massifs, plutôt que d’y mettre de l’engrais chimique, apportez-y du compost ou pour moins de travail, plantez en alternance 1 plante sur 4 en prenant une espèce de la famille des fabacées ( anciennement appelées les Légumineuses ). C’est le cas des coronilles, des genêts, arbre de Judée, les acacias, Desmodium, Eleagnus, etc. Ce sont des plantes qui fixent l’azote de l’air et par là même, aideront à nourrir leurs voisines. Tout bénéf pour vous, pas besoin d’apporter d’engrais.
Faites des boutures de plantes qui poussent bien chez vous et échangez les avec vos voisins, comme ça vous aurez plus de chance d’avoir des plantes adaptées à votre région, et pour pas cher du tout.
Pour les délimitations de parcelles, plutôt que de poser un grillage, ou pire faire un mur, pensez au plessis ( bois coupé tressé ) voir même si vous avez de la place, au plessage ( bois couché tressé vivant ). Deux méthodes, très en harmonie avec l’environnement, qui permettent d’abriter une faune auxiliaire intéressante.
Si vous préférez faire des haies, évitez les haies mono-espèces qui sont souvent problématiques. Optez plutôt pour une haie mixte, avec des plantes faciles à vivre et qui ne prennent pas trop de volume. Cela vous évitera beaucoup de travail de taille . C’est le cas par exemple des fusains, myrtes, lonicera, choysia, photinia, bambous non traçant, pittosporum, buis, abelia, spirée, cotonéaster, etc. J’arrête, la liste pourrait être très longue.
Pour une haie encore plus simple d’entretien, posez un grillage solide de la hauteur que vous voulez et faites-le se couvrir avec toutes sortes de plantes grimpantes.
Pour le potager, faites simple. Trois ou quatre outils achetés peuvent suffire à tout faire : un croc, un râteau, une fourche et un arrosoir. D’autres ustensiles pratiques peuvent être fabriqués avec les matériaux du coin. Le plantoir fait avec un bout de bois, le cordeau traceur avec deux bouts de branches et une ficelle quelconque. Nos anciens fabriquaient eux-mêmes beaucoup de leurs petits outillages.
Pour les légumes, faites vos semis, plutôt avec des variétés anciennes. Vous pouvez ainsi récupérer les graines pour les années à venir.
Si vous n’avez pas de serre pour les semis, pas de soucis. Nos anciens avaient des techniques simples pour démarrer leurs semis et jeunes plants, même par temps froid. C’est la technique de la culture sur couche chaude, tant appréciée dans le passé . On met une bonne épaisseur de fumier frais ( 40 à 60 cm) bien tassé et l’on pose par dessus un châssis vitré. Le fumier va se mettre à fermenter et chauffer et votre culture sous châssis sera maintenue à bonne température, même par temps froid.
Pour les jeunes plants, vous pouvez également mettre en place des ados. Ce sont des emplacements de culture abrités et bien exposés. En gros c’est une petite butte inclinée, orientée plein sud et abrité côté nord, soit par un petit mur soit par de grosses planches. Dans le passé, on s’en servait soit pour avoir certains légumes en précoce, soit pour repiquer une première fois les jeunes semis avant de les mettre ensuite dans leurs emplacements définitifs. Cela les fortifie.
Il existe aussi de très nombreux légumes vivaces, perpétuels, que vous pouvez récolter plusieurs fois dans la saison et sur plusieurs années. C‘est moins de travail, pensez-y ! Ces plantes sont tombées un peu en désuétude, mais ce sont des plantes rustiques avec très peu d’entretien. C’est le cas de la livèche, du poireau perpétuel, des oignons rocamboles, des topinambours, du chou Daubentons et il y en a bien d’autres.
Pour avoir un sol fertile, vous devez le laisser toujours couvert, soit par la végétation, soit un bon paillage végétal ( tontes, herbes, feuilles, broyat ). Vous pouvez y apporter un amendement en faisant votre propre compost avec tous les restes de votre cuisine et les résidus de votre jardin. C’est très efficace et écologique. Pas besoin d’engrais chimique, ni de motoculteur. Tout ça n’existait pas il y a un siècle et pourtant il y avait de très beaux potagers et de spectaculaires jardins d’agrément.
Les méthodes qui visent à rendre le jardin en harmonie avec l’environnement et peu chronophage en entretien peuvent aussi s’appliquer aux plantes d’intérieur.
En intérieur, plutôt que d’avoir des plantes difficiles à garder et qui demandent une surveillance constante – comme les orchidées ou les bonsaïs par exemple – il est préférable de choisir des plantes d’intérieur simples d’entretien qui ont fait leurs preuves sur leur rusticité et sur leur autonomie. Parmi celles-ci vous pouvez trouver, le chlorophytum, le sanseveria, les aspidistras, les cissus, les Scheffleras, les misères, les potos, les saint paulias, etc.
Deux petites astuces pour que vos plantes d’intérieurs puissent s’hydrater seules lors de vos absences ou vous faciliter l’arrosage. La première est déjà de mettre vos plantes dans des pots en céramique. Pourquoi ? Parce que la céramique poreuse retient et conduit l’eau par capillarité. Après avoir mis un peu d’eau dans la coupelle, le pot va l’absorber, la faire remonter tout autour de la motte et l’hydrater. Un pot plastique ne fait pas ça. La deuxième astuce est pour vos absences prolongées. Enfilez une mèche de coton dans un tube plastique souple. Un bout du tube trempe dans un récipient plein d’eau et l’autre est enfilé par le trou d’évacuation du pot de fleurs. L’eau va remonter petit à petit par capillarité et irriguer votre plante sur le long terme.
Toutes ces astuces et méthodes sont tirées des pratiques que nos anciennes avaient pour jardiner. C’est souvent des questions de bon sens, de simplicité. Il faut revenir à cela pour se faciliter la vie et avoir un jardin un peu plus en harmonie avec l’environnement.
Pour en savoir plus sur l’histoire des jardins au travers du temps et de l’espace: histoiredejardin.fr
Et vous, quelles sont vos astuces jardinages transmises par vos aïeux ?
Ces astuces m’ont beaucoup aidé cet été, merci beaucoup !
A la maison mon petit jardin en avait vraiment besoin! merci pour vos conseils et astuces.
Bonjour, je n’arrive pas à m’inscrire à votre newsletters.
Pouvez-vous me renseigner ?
Merci d’avance
Pourquoi ça ne marche pas ? qu’est ce qu’il se passe ? vous avez quoi en retour ? je peux le faire à votre place si vous m’y autorisez.
Bonjour,
J’ai découvert votre site en cherchant sur internet ce qui pouvait bien dévorer mon beau et vieil olivier totalement ravagé. J’ai suivi vos conseils, attendu minuit munie d’une torche… et ramassé 250 otiorhynques !
Je viens donc de commander des nematodes HB. Je vais arroser et les répandre sous l’olivier mais aussi sous les lauriers-cerises (lauriers-palmes), les lauriers-tin, les orangers du Mexique, les chèvrefeuilles, le jasmin grimpant, les fusains, toutes mes plantes dévorées. Mon jardin d’un hectare est ravagé depuis qu’une fois, il y a 5 ans, croyant contribuer à un système d’échange et de partage, j’ai pris du terreau à la déchèterie. Je ne savais pas que le terreau en déchèterie n’était pas laissé un certain temps afin de monter en température et ainsi détruire les larves de ravageurs. C’est ainsi que mon merveilleux éco-système a été totalement déséquilibré et que quasiment toutes mes plantes sont à présent dévorées. Il a hélas suffi d’une seule utilisation de ce terreau qui contenait les larves d’otiorhynques (peut-être d’autres larves aussi, que je n’ai pas encore identifiées). Un conseil : N’UTILISEZ JAMAIS LE TERREAU DES DÉCHÈTERIES !
Mille mercis à vous, Christian. Je sais que je vais devoir mener une guerre pendant deux ou trois ans mais j’ai au moins retrouvé l’espoir d’avoir à nouveau de beaux arbustes un jour. J’étais désespérée car j’étais réticente à utiliser des produits chimique qui auraient nui aux crapauds, aux oiseaux, aux coccinelles, aux orvets, toutes créatures que l’on trouve chez moi et dont le nombre a hélas déjà diminué.
Bonjour et merci pour toutes ces informations. Je ne connaissais pas tout cela, et votre site histoire de jardin est passionnant.